jeudi 20 janvier 2011

OS - Irrésistible petite française


OS écrit pour Mag (alias Lapda) à l'occasion de notre première rencontre et en l'honneur de notre - ô combien envoutant - point commun : Jay.

Perso :  Mag et Jackson Rathbone
Date de publication :  juin 2010

~x~

- Je le déteste ! Je le déteste ! Je le déteste ! Rhaaaaaa ! Râlai-je devant le rayonnage de liquides de refroidissement et autres fluides automobiles qui me faisaient face. Juste aujourd'hui ! Pas demain, pas hier. Non ! Ca ne serait pas drôle sinon. Il avait juste fallu que ça tombe aujourd'hui ! Saleté d'inventaire à la noix.

J'avais attendu ce jour avec impatience depuis quand déjà? Trois mois. Nous y étions enfin et moi j'étais là à comptabiliser le nombre de bombes anti-crevaison qu'il nous restait en stock. Tout cela était injuste ! Il n'y avait pas d'autre mot. Dès que j'avais eu confirmation de la date, j'avais pris les devant, faisant en sorte que tout colle avec mon planning, anticipant les problèmes du style « inventaire » justement… Et il avait fallu que mon collègue tombe malade ! Bien sûr, mon très cher patron n'avait eu aucun scrupule à faire sauter mon jour de congé pour cas de force majeur comme il me l'avait si bien dit et j'étais coincée ici, à minuit passé, dans cette station essence.

Je passai ma main dans la poche arrière de mon jean et en sortis ce rectangle de papier qui aurait du être mon sésame pour cette folle soirée…

Un profond soupir s'échappa de mes lèvres. Et dire que j'aurais pu assister à l'unique représentation des 100 Monkey dans la région, voir Jay, jouer les fans hystériques le temps d'une soirée… Au lieu de quoi j'étais restée coincée ici.

Les filles avaient, chacune à leur manière, tenté de me faire vivre cette expérience à distance, allant du coup de fil pendant le concert, aux photos envoyées par mms… Et je les en remerciais, mais cela ne me rendait pas moins triste et quelque peu en colère d'avoir raté tout ça.

Je me souvenais encore du jour où j'avais appris la nouvelle. Je n'en croyais pas mes yeux. De toutes les villes de France, les Monkey allaient venir ici, à Avignon. « Si ca ce n'est pas un signe du destin ! » Avais-je même pensé à l'époque. Et quel signe ! J'y avais cru et tout avait foutu le camp à cause d'un pauvre rhume mal soigné.

- Rhaaaaa !

Dépitée, je bouclai lentement mon inventaire, comptabilisant un à un chaque article présent dans la petite boutique. Les minutes s'égrainèrent à la vitesse d'une fourmi paresseuse me rendant encore plus râleuse que je ne l'étais déjà. Autant dire que j'étais aussi souriante qu'une porte de prison à cet instant.

Instant que quelqu'un choisit pour venir toquer à la grande porte vitrée de la station.

Habituée au silence habitant les lieux depuis le début de la soirée, seulement entrecoupé par mes râlements incessants et quelques coups de tonnerre, je ne pus m'empêcher de sursauter. Je jetai un bref coup d'œil à la porte et vis dans la pénombre une silhouette d'homme se protégeant de la pluie avec une espèce de vieux journal tout ramolli. Un orage d'été avait explosé un peu plus tôt dans la soirée et il pleuvait encore à torrent à l'extérieur.

J'avais beau avoir l'habitude de travailler ici la nuit, je n'étais jamais vraiment rassurée quand ce type de « visiteur » arrivait. Comment ne pas psychoter avec tout ce que l'on entendait tous les jours aux infos ? La quasi obscurité extérieure, seulement entrecoupée par des éclairs menaçants qui zébraient de temps en autre le ciel, rendait la scène encore plus effrayante. Je lançai un « C'est fermé » aussi fort que je pus et partis me barricader derrière mon comptoir – Comme si cela pouvait m'aider en cas de problème !

Le rôdeur posa ses mains en coupe sur la vitre, y collant le journal détrempé par la même occasion et explora l'intérieur de la station tout en criant des paroles incompréhensibles que l'orage couvrait de ses grands grondements. Et alors que je m'apprêtais à bondir sur mon téléphone portable pour appeler la police, j'entendis un « Essence s'il vous plait » déformé par un fort accent américain.

Il ne manquait plus qu'un touriste en panne d'essence pour couronner cette soirée de malheur !

J'attrapai le premier objet contondant à ma portée – une pauvre éponge en peau de chamois, autant dire que je me sentais très en sécurité ainsi armée – et m'avançai prudemment. Je ravalai tant bien que mal mon angoisse et déverrouillai la porte pour lui faire face. Le jeune homme se redressa, laissant les goutes de pluie dévaler son visage. Après une brève concentration de quelques secondes où je sentis mon sang pulser dans mes tempes sous une soudaine poussée d'adrénaline, je sortis une phrase dans un anglais que je n'espérais pas trop rouillé.

- La station est fermée monsieur, je suis désolée. Vous en trouverez une ouverte 24h/24 dans une douzaine de kilomètre sur cette route, l'informai-je tout en ne pouvant m'empêcher de laisser mes yeux détailler le contour de son visage que ses cheveux mouillés cachaient en grande partie.

- Douze kilomètre ? Je ne pense pas que cette voiture tiendra jusque-là.

Cette voix… Cet accent… Hummmmmmm…

J'étais comme hypnotisée par le large sourire que je devinais se dessiner sur ses lèvres dans cette pénombre lorsqu'un éclair illumina soudain le ciel ombrageux. Et le temps d'une fraction de seconde, je crus à un mirage.

Nom d'un chien !

A croire que je déraillais totalement… Je perdais la boule… J'avais des hallucinations… Ou alors je faisais des rêves éveillés… A moins que je sois en train de dormis sur le comptoir et que ceci soit un rêve…

Un autre éclair zébra le ciel.

Pincez-moi, je rêve !

- Je… Je…

Manquait plus que mon cerveau grille !

Un coup de klaxon retentit soudain dans la nuit orageuse.

- Je crois que mes amis s'impatientent.

Je quittai à regret le large sourire qui fendait son visage et regardai un peu plus loin derrière lui. Je vis des silhouettes bouger dans la pénombre de l'habitacle.

Et en plus il n'est pas seul…

Allez fait un effort Mag et sors une phrase cohérente !

- Je finis dans quinze minutes, couinai-je. Si vous le voulez, je peux vous emmener à la prochaine station avec un jerricane...

- Vous feriez ça ?

Je le ferais ? Lui et moi seul pendant quelques minutes dans la promiscuité d'une voiture… Mes joues s'enflammèrent aux images lubriques qui défilèrent dans ma tête.

- Si ça ne vous gêne pas d'attendre.

- Et bien, merci. Je vais prévenir mes amis et je repasse vous acheter un jerricane.

J'opinai timidement alors qu'il rebroussait chemin en courant vers son 4x4.

Alors là, si on m'avait dit qu'une chose pareille était susceptible de m'arriver, j'aurais traité cette personne de folle à lier. Et pourtant… C'était bien lui, l'objet de tous mes fantasmes, qui venait de frapper à la porte de la station essence ou je travaille. Combien y avait-il de chance pour qu'une pareille coïncidence arrive ? Une sur un million ? Non, un billion plutôt.

Jackson Rathbone, en France, en concert à Avignon, qui tombe en panne d'essence à quelque pas de ma station et qui frappe à ma porte…

Waouh !

- Hum hum.

Trop perdue dans mes pensées, je n'avais pas réalisé qu'il était revenu et son raclement de gorge me valut un autre sursaut.

- Oh, pardon. Je ne voulais pas vous faire peur.

- Oh non c'est moi, j'étais dans la lune, lui répondis-je en levant des yeux timides vers lui.

Et j'en eus le souffle coupé. Le faible éclairage extérieur m'avait seulement laissé entrevoir les contours de son visage mais là j'étais juste subjugué par sa beauté, me noyant sans retenu dans le vert envoutant de ses yeux.

- Combien vous dois-je ?

- Euh… Tout dépend de… Euh… Du modèle que vous souhaitez… Peut-être que… le gros serait le mieux approprié ? Bégayai-je.

A croire que mes neurones avaient foutu le camp ! Pathétique !

D'un signe de tête je lui indiquai les jerricanes pour qu'il se fasse sa propre opinion. Il ne valait mieux pas que je tente une quelconque phrase au risque d'être encore plus ridicule – Si cela était encore possible.

- Le grand ira très bien, merci encore pour votre aide.

A ses paroles, un sourire nias s'incrusta sur mon visage. La honte ! Manquerait plus que le filet de bave et le tableau serait parfait ! Il alla récupérer un des bidons pendant que je l'encaissais.

Youhou ! Le billet de Jay !

Définitivement perdus, les neurones !

Ma petite hystérie intérieure coupa court lorsque je vis du coin de l'œil Jackson regarder un rectangle de papier qu'il venait de ramasser par terre. Un vent de panique s'engouffra soudain en moi. Je portai urgemment ma main à la poche arrière de mon jean.

Merde !

Livide, j'appréhendais sa réaction. Je l'avais reconnu et je n'avais rien dit. Et maintenant je ne pouvais absolument pas le nier vu qu'il tenait ma place de concert dans sa main. Je croyais l'avoir remis à sa place mais apparemment elle s'était faite la malle et avait déserté ma poche, à mon grand désespoir.

- Les 100 Monkeys ?

- Je… Euh… C'est que… euh…

Neurones à la dérive !

- Vous n'êtes pas venue ?

- J'aurais aimé mais euh…

Plutôt que terminer ma phrase, je la laissai mourir dans ma gorge en faisant un geste circulaire vers la station.

- Quel dommage ! Peut-être pourriez-vous venir à celui de Bordeaux.

Il déposa la place de concert sur le comptoir et me tendit la main.

- Il me semble que j'ai un retard à rattraper. Jackson, souffla-t-il. Et vous ?

- Ma… Mag enfin Magali mais Mag c'est bien aussi.

A ça c'est de la présentation…

Je me saisis timidement de sa main, savourant chaque seconde du contact de sa peau sur la mienne.

- Enchanté, Magali, me sourit-il.

Je pouvais jurer qu'un léger gémissement s'était échappé de mes lèvres au son de sa voix. Aussi rouge qu'une pivoine, je lui rendis son sourire. C'était officiellement le plus beau jour de ma vie. Jay, dans ma station, tenant ma main et prononçant mon prénom. Que demander de plus ?

J'avais certes des tas d'idées pour ce « plus » mais je me devais de les laisser éloigner de ma tête au risque de passer pour une folle – Si ce n'était déjà pas le cas.

Après avoir bouclé la boutique, je dirigeai Jackson jusqu'à mon véhicule et nous primes la direction de la station concurrente pour trouver de l'essence. Les mains crispées sur le volant, je jetais de temps à autre des coups d'œil furtif au fauteuil passager alors que son occupant, aussi silencieux que moi, regardait droit devant lui.

Je voulais dire quelque chose, mais rien ne me venait à l'esprit. Que dire à un acteur, doublé d'un chanteur, habitué au showbiz alors qu'il se trouvait coincé dans une voiture avec une nana des plus banales. Qu'avais-je d'intéressant à lui soumettre ? Absolument rien.

Et c'est ainsi que nous fîmes le trajet jusqu'à la station et une partie du chemin retour.

- Tu… parler… pas beaucoup, dit-il soudain dans un français approximatif mais couplé d'un accent à se damner tellement il était sexy.

- Euh, vous non plus, répondis-je également dans la langue de Molière.

- Vrai. Mais toi dire « tu » à moi. Vous trop…

Il grogna légèrement, provocant une réaction immédiate sur mon épiderme puis reprit en anglais cette fois-ci :

- Mon français est trop lointain. Par contre toi, tu parles très bien anglais.

- Merci.

- C'est dommage que tu n'aies pas pu venir à notre concert. Nous avons quelques jours de repos avant notre prochaine date. Mes amis et moi avons prévu de visiter la région mais nous restons ici demain. Peut-être que tu pourrais venir pour une représentation spéciale de quelques morceaux. Ca serait notre manière de te remercier pour ta gentillesse.

Je n'en revenais pas. Jackson était en train de me proposer un showcase rien que pour moi. Je restai carrément bouche bée face à sa proposition. Malheureusement, une fois de plus, j'allais tout rater.

- Merci mais je ne pourrais pas. Je dois travailler demain.

- Oh. Et bien pourquoi pas maintenant ?

- Maintenant ? M'étonnai-je alors que je me garais à côté de son 4x4.

- Pourquoi pas ?

Un large sourire s'étendait à présent sur son visage accentuant encore plus ses craquantes petites fossettes. Il sortit aussitôt de ma voiture et alla rejoindre ses amis. Moi je restais coincée derrière mon volant, trop abasourdie pour bouger. Pourquoi pas ? …

- Tout est arrangé, me dit-il en pensant la tête par ma fenêtre encore ouverte. Prête pour un petit concert ?

- Euh… Je ne sais pas… C'est que…

- Ca me ferait très plaisir Mag, dis oui.

Paroles qu'il agrémenta d'une petite moue irrésistible.

- D'accord.

Quelques minutes plus tard, une fois qu'ils eurent mis l'essence dans leur réservoir, je me retrouvai à nouveau sur la route, suivant leur véhicule avec Jay pour me tenir compagnie. Une boule d'anxiété avait élu domicile dans ma gorge. Je ne savais pas du tout ce que je fichais là. J'avais l'impression de vivre un rêve éveillé. Tout était trop beau pour être vrai.

Les heureuses suivantes furent pure folie. Le petit medley spécial qu'ils m'avaient concocté était tout simplement mémorable. Tous les morceaux que j'appréciais y figurait et je crus même défaillir lorsque Jackson m'interpréta a capela « Sweet Face ». Le petit grain de folie qui se dégageait de leur musique irradiait la pièce. Il m'avait même possédée à un tel point qu'après avoir lâché par inadvertance que je prenais des cours de piano depuis quelques mois, je m'étais retrouvée devant leur synthé à jouer un de leur morceau. Autant dire que cela avait été une totale catastrophe mais un si bon moment. Ils étaient tous adorables et drôles. Aucun ne se prenait la tête. Ils étaient vraiment à la hauteur de l'image qu'ils véhiculaient : une bande de potes, un brin cinglés, qui passaient du bon temps en jouant de la musique bien loin de tout le tapage du showbiz.

Finalement, un à un, ils avaient tous quitté la pièce, nous laissant seul Jackson et moi. Je m'approchai alors du synthé sur lequel j'avais tenté de jouer un peu plus tôt et laissai mes doigts effleurer les touches. Une note après l'autre, j'entamai l'Aria.

- Bach ? Me demanda Jackson en s'asseyant sur un pouf à côté de moi.

Je lui fis un signe positif de la tête.

- C'est mon compositeur préféré, soufflai-je.

Je continuai le morceau jusqu'à la fin, me laissant porter par sa mélodie. Lorsque j'eus terminé, Jay m'applaudit, me gratifiant de compliments qui me firent rougir.

L'instant était magique, malheureusement l'heure tournait et il était temps pour moi de rentrer.

- Merci pour tout. J'ai passé une excellente soirée.

- Tu peux rester encore si tu veux.

- Je dois vraiment y aller. Il est tard… enfin plutôt tôt… Merci beaucoup Jackson.

- Ok, soupira-t-il.

Il saisit ma main, ses doigts caressant légèrement ma peau. Un long frisson prit naissance à l'endroit même de ce contact. De son autre main il attrapa un stylo et nota quelque chose au creux de ma paume.

- Si un jour, tu te trouves dans une des villes de notre tournée ou que tu passes par L.A., appelle-moi.

Il se pencha alors vers mon visage et dans un mouvement lent et hypnotique il déposa un baiser sur ma joue. Je crus que mon cœur allait s'arrêter lorsque son souffle chaud chatouilla ma peau.

- Je serais ravi de te revoir, murmura-t-il.

Deuxième arrêt cardiaque.

- D'accord, couinai-je.

Il me gratifia de son sourire charmeur alors que je me retournais pour lui faire signe une dernière fois.

Waouh, quelle soirée !

Qui aurait cru qu'une journée aussi mal commencée pouvait se terminer aussi bien ?

Les yeux emplis d'étoile et des rêves pleins la tête, je repris ma voiture et m'éloignai.

***

Des mois s'étaient écoulés depuis cette fameuse soirée. A présent elle me semblait même n'avoir été qu'un rêve, une chimère tout droit sortie de mon imagination.

J'avais passé des heures à contempler les chiffres écrits au feutre noir dans la paume de ma main, seule preuve tangible de l'existence de cette rencontre hors du commun et des instants magiques qui en avaient découlés. J'avais à plusieurs reprises été tentée de composer son numéro de téléphone, mais pour lui dire quoi ?

« Allô. Bonjour c'est Mag. Tu te souviens, la fille que tu as rencontrée dans une station service près d'Avignon, en France… A non tu ne vois pas… Tant pis. Au revoir. »

Cette rencontre avait été magique, irréelle et envoutante et comme tout moment merveilleux , elle avait pris fin. Je m'étais faite une raison.

Je me rappelais encore quand j'avais raconté tout ça aux filles. Elles m'avaient bien sûr toutes prise pour une folle. Que pensez d'autre ? J'avais déjà du mal à le croire moi-même alors…

Et aujourd'hui était un jour comme les autres dans ma vie.

J'enchaînais client sur client. A croire qu'ils s'étaient tous donnés le mot pour venir faire leur plein d'essence à la même heure. Et cette dernière, elle, me donnait l'impression d'avancer à reculons tellement le temps s'écoulait doucement.

Et quand la station se vida, je me laissai mollement retomber sur ma chaise. Enfin un peu de tranquillité. Ce n'était pas de refus après le marathon de "bonjour", "au revoir", "que puis-je faire pour vous" et autre "bonne journée" que j'avais du servir ces dernières heures. La journée était enfin finie, je pouvais souffler.

Je rassemblai rapidement mes affaires, éteignis les lumières et verrouillai la porte. J'allais enfin rentrer chez moi, me faire couler un bon bain chaud et lire un bon livre. Le pied !

Le temps était menaçant en ce mois de novembre mais ce n'était pas pour me déplaire. J'aimais ces jours d'orage ou le ciel gris donnait une petite touche mélancolique au paysage orangé de l'automne. J'humai l'air frais et savourai l'odeur particulière de la pluie qui approche. Que ne donnerais-je pas pour qu'un orage éclate sur le champ ?

Je m'avançai lentement vers la voiture, les yeux mi-clos, le nez en l'air, profitant de cette ambiance. Je me saisis de mes clés et d'un geste mécanique j'ouvris mon véhicule, tournant mon regard vers ce dernier. Le "bip-bip" sonore de ma fermeture centralisée retentit devant moi alors que je restais figé.

Je ne me rappelais pas m'être cognée la tête récemment, je n'avais consommé aucune substance illicite… Tout allait bien. Enfin normalement. Alors pourquoi est-ce que j'avais une hallucination ?

La dite hallucination, nonchalamment adossée à ma voiture, se redressa et m'offrit un large sourire.

- Bonsoir.

Ok, maintenant même mes oreilles délirent !

Il s'approcha lentement vers moi qui étais toujours figée sous l'effet de la surprise.

- Qu'est-ce… Qu'est-ce que tu fais là ?

Il rit.

- J'attendais simplement que tu finisses de travailler. J'ai attendu ton appel qui n'est jamais arrivé alors je me suis décidé à venir te voir.

- Pourquoi ?

- Faut-il vraiment une raison à tout ? Sourit-il.

- Euh… Non…

- As-tu déjà dîné ?

Je lui fis un signe négatif de la tête.

- Ca tombe bien, moi non plus. Connais-tu un bon restaurant dans le coin ?

Et c'est ainsi que je me retrouvai à bord d'une voiture de location en compagnie de Jackson alors que nous nous dirigions vers l'un de mes restaurants préférés. Heureusement que ce dernier était tout près. J'avais déjà l'estomac noué par la situation alors y rajouter les nausées dues à la voiture, non merci.

Nous arrivâmes au So Lounge, petit restaurant design et discret des environs d'Avignon, quelques minutes plus tard.

Tout le long du trajet, Jackson avait été souriant et décontracté, se moquant ouvertement de mon "état de choc" face à sa présence ici. A présent il avait l'air beaucoup plus sérieux. Il étudiait attentivement le menu en fronçant les sourcils.

- Il va falloir que tu m'aides, lança-t-il, dépité, au bout d'un moment. Je crois que tout ce que j'ai compris de ce menu c'est "menu" justement.

J'éclatai de rire. Sans doute l'effet du stress combiné au verre de vin que je venais de descendre presque cul sec. Jackson me dévisagea avec étonnement puis se joignit à moi, riant aux éclats.

- Alors voyons un peu ce menu, lui souris-je une fois calmée.

- Tu as un très joli sourire, me murmura-t-il.

J'eus soudain l'impression que mon cœur allait s'arrêter de battre. Avais-je bien entendu ?

- Ah ah très drôle ! M'exclamai-je, préférant de loin éluder, juste au cas où mes oreilles m'aient joué un sale tour.

- Tu as un très jolie sourire Mag, insista-t-il.

- Mer... Merci, balbutiai-je alors que mon visage virait au coquelicot.

A vrai dire je ne savais plus où me mettre. J'oscillais entre l'envie de sauter de joie comme une petite fille et celle de courir à toutes jambes vers la sortie. Sans oublier celle de bondir sur la table et de goûter à ses lèvres pulpeuses qui me souriaient.

Ouh ! Très mauvaise idée !

Ce genre d'images ne devait absolument pas s'inviter dans ma tête. Cela serait bien trop risqué pour ma santé mentale.

Le repas se déroula à merveille. Après avoir traduit, non sans mal, tous les plats de la carte, Jay et moi avions choisi l'option découverte. Le serveur nous apporta alors un grand plateau comportant des petites quantités de tout ce qui était au menu. Un vrai régal pour les papilles.

Peu à peu, le vin aidant, la nervosité m'avait quittée. J'étais bien, même incroyablement bien en sa compagnie. C'était une situation étrange, être là, dans ce restaurant, l'écoutant me raconter des anecdotes de tournée, rigolant à ses blagues...

Je passai une fois de plus une soirée merveilleuse en sa compagnie. A vrai dire, j'étais totalement sous le charme, non pas de l'acteur ou encore du chanteur, mais de l'homme. Il se livrait, montrant à travers ses mots la personne qu'il était et j'aimais ça. Beaucoup trop à mon goût d'ailleurs.

Vint ensuite le moment de quitter la table. Nous partîmes nous promener aux alentours, discutant de choses et d'autres, découvrant au détour de chaque mot un peu plus l'autre.

- Et si tu me parlais un peu de toi, me dit-il alors que nous arrivions dans un petit parc arboré.

- De moi ? M'étonnai-je. Je n'ai pas grand chose à dire.

- Ne dis pas n'importe quoi ! As-tu une passion ?

- J'aime beaucoup dessiner, avouai-je timidement.

- C'est vrai ? J'aimerais beaucoup voir certaines de tes œuvres alors.

- Œuvre ? Ris-je en haussant un sourcil. T'y vas un peu fort là !

Il soupira, faussement exaspéré et me tira par le bras pour que je continue à avancer.

- Quoi d'autre ?

- Humm, la lecture. J'adore m'installer confortablement, ouvrir un livre et m'évader dans un autre univers. Je peux lire pendant des heures sans me rendre compte du temps qui passe. Et ce que j'aime par dessus tout c'est l'odeur si particulière des livres anciens… Mais je dois t'ennuyer à parler ainsi de mon addiction à la lecture, ajoutai-je penaude.

- Pas du tout. J'ai envie de te connaitre et j'aime t'entendre me parler de toi.

Je m'arrêtai de marcher et le dévisageai dans la pénombre. Il stoppa et se retourna vers moi, surpris.

- Quoi ? Demanda-t-il.

- Pourquoi es-tu-la ? Pourquoi es-tu venu jusqu'ici ? Pourquoi...

La douce mélodie de son rire me coupa.

- Et pourquoi pas ? Me dit-il tout en s'approchant de moi. Ne te pose pas tant de question Mag.

Il prit mes mains dans les siennes. Je me figeai. Il me sourit et posa son front contre le mien. Je cessai alors de respirer.

- Je suis ici pour toi, souffla-t-il. Parce que ce soir là, j'ai découvert une femme extraordinaire et que j'avais envie de te revoir, de te connaître. Parce que depuis, je pense sans cesse à toi, la petite Française qui m'a tourné la tête.

Le visage de Jackson se rapprocha lentement du mien et comme dans un rêve ses lèvres se posèrent délicatement sur les miennes, les effleurant à peine. Une pression, deux pressions et je perdis pied. Mes mains lâchèrent les siennes et partirent à la rencontre de ses cheveux. Je sentis Jay sourire contre ma bouche alors que sa langue venait caresser ma lèvre inférieure, quémandant l'accès à la mienne. Je la lui donnai sans aucune retenu. Commença alors un ballet endiablé où chacun tenta, tantôt doucement, tantôt plus férocement de dominer l'autre.

- J'ai comme l'impression que ma réponse t'a convenu, murmura-t-il, après avoir rompu notre baiser, me faisant grogner de mécontentement au passage.

Il m'offrit alors le plus beau des sourires qu'il m'ait été donné de voir.

Le tonnerre gronda. Je ne m'étais même pas rendue compte que l'orage était là, lui qui avait menacé toute la journée. Des goutes commencèrent aussitôt à tomber. Nous partîmes à rire, surpris par cette soudaine pluie que, ni lui ni moi, n'avions vu arriver. Il m'attrapa par la main et m'entraina avec lui. Nous refîmes le chemin inverse en courant et en riant aux éclats. C'est complètement à bout de souffles que nous arrivâmes quelques minutes plus tard à son véhicule où nous nous engouffrâmes rapidement.

- Waouh ! Quelle course ! S'exclama-t-il.

Je restai silencieuse, luttant pour reprendre mon souffle.

- Tout va bien ? S'inquiéta-t-il en se penchant vers moi.

- Oui… Ca… Va…, m'essoufflai-je.

Ses doigts glissèrent délicatement sur la peau de ma joue, dégageant une mèche de mes cheveux collée sur mon visage. Il la replaça derrière mon oreille. Ce geste provoqua un long frisson qui irradia tout mon corps. Frisson que Jackson interpréta comme un signe de froid.

- Tu es frigorifiée, ne restons pas ici.

Sur ces paroles, il démarra en trombe tout en mettant le chauffage de son 4x4 sur la position maximale.

- Aimerais-tu venir écouter une de mes dernières compositions ? Je travaille actuellement sur le prochain album des Monkeys et j'ai justement une maquette. Tu pourrais me donner ton avis, qu'en dis-tu ?

- J'en serais ravie, avouai-je, plus que flattée.

- Super ! Par contre, il va falloir que tu m'indiques le chemin si nous voulons arriver un jour à destination. Parce que là, je crois qu'on tourne en rond, rit-il. J'ai loué la même villa que la dernière fois.

Une dizaine de minutes plus tard, nous arrivâmes enfin alors que l'orage battait toujours son plein. C'est en courant une fois de plus que nous pénétrâmes dans le hall. Jay s'éclipsa aussitôt pour revenir une minute plus tard une grosse serviette éponge à la main.

- Viens-là.

Il m'emmitoufla dans la serviette. Je me blottis aussitôt dans ses bras, savourant la chaleur de son corps qui se propageait jusqu'au mien. Autant dire que mon cœur battait la chamade et le petit sprint sous la pluie n'en était pas le responsable.

- Tu trembles encore, s'inquiéta-t-il. Je vais te faire un bon café bien chaud pour te réchauffer.

- Non, attends, le rattrapai-je.

- Tu n'aimes pas le café ? Me demanda-t-il en haussant un sourcil.

- Si... Non... Enfin si, bafouillai-je. Quoi que je n'appelle pas le café Américain du "café", ajoutai-je, moqueuse.

- Ceci est un coup bas, s'offusqua-t-il faussement tout en m'offrant une petite moue à croquer.

- Ca s'apparente plus à du jus de chaussette en fait, surenchéris-je.

- Jus de chaussettes ?

J'hochai la tête.

- Oh ça tu vas me le payer !

Il bondit sur moi, agrippant ma serviette. Je m'en débarrassai alors pour prendre la fuite, profitant de son attaque pour m'éclipser sur le côté. Riant, Jay me poursuivit alors que je pénétrais dans le salon.

- Mag, tu ne fais qu'empirer ton cas. Mon jus de chaussettes et moi allons te faire payer ton affront.

J'évitai de justesse un fauteuil, contournai un grand pot de fleurs avant de trébucher sur la table basse et de m'écrouler de tout mon long sur le canapé. Bien sûr, Jackson en profita pour m'immobiliser, me bloquant de son corps.

- Cette fois-ci tu ne m'échapperas plus, me dit-il avec un petit air malicieux. Tu vas regretter tes...

Il ne put terminer sa phrase, mes lèvres s'étant collées aux siennes. Je ne savais pas ce qui venait de me prendre. Venais-je vraiment de faire ça ? Apparemment oui… Je mis fin à ce baiser aussi vite que je l'avais fait naître. Jay était resté figé, m'observant, alors que moi je me noyais littéralement dans l'océan émeraude de ses yeux.

- Je…

Cette fois ce fut moi qui ne pus finir ma phrase. Les lèvres, douces et pulpeuses, de Jay vinrent rejoindre les miennes, les effleurant, les caressant tendrement. Je me laissai porter par toutes ces sensations qui naissaient dans mon corps à ce simple baiser. Comme pour empêcher toute fin prématurée, mes bras enveloppèrent son cou, mes mains partirent à l'aventure dans ses mèches humides qu'elles fourragèrent effrontément. Et quand sa langue vint réclamer la mienne, un profond soupir s'échappa de ma gorge.

Luttant l'une contre l'autre, au rythme de ce baiser tantôt timide, tantôt endiablé, elles se cherchèrent, s'abandonnèrent pour mieux se retrouver, se jouant des soupirs et des râles qu'elles provoquaient. Et quand l'air devint insuffisant dans nos poumons, Jackson partit à la découverte de mon cou, parsemant des myriades de baisers sur ma peau frissonnante. Mon corps répondit au doux supplice que me faisait subir ses lèvres et mes jambes s'enroulèrent d'elle-même autour de sa taille, provocant par la même occasion une friction des plus agréable. Sensation apparemment partagée, si j'en crois le grognement qui sortit de sa gorge.

- Tu vas me rendre dingue si tu continues comme ça.

Pour seule réponse, je roulai mon bassin contre le sien. Sa réaction fut immédiate. Les boutons de mon chemisier sautèrent un à un pendant que sa langue traçait un sillon humide le long de ma clavicule. L'un de ses doigts glissa sous la barrière de dentelle de mon soutien-gorge, frôlant habillement la pointe de mon sein. Gémissante et haletante, je n'étais plus qu'un jouet dans ses mains agiles. Je réagissais à chacun des assauts de ses lèvres, frémissant sous le ballet de ses doigts, vibrant à chaque soupir étouffé contre ma peau…

De mes mains tremblantes, je fis passer son t-shirt par-dessus sa tète. Je pus alors enfin savourer pleinement la douceur de sa peau sous mes doigts, dessinant ça et là des arabesques, parsemant ainsi des frissons sur sa peau laiteuse.

Mais Jackson ne me laissa pas en découvrir d'avantage. D'une de ses mains, il retint les miennes fermement au dessus de ma tête pendant que de l'autre, il dégrafait mon soutien-gorge, profitant ainsi pleinement de la vue que lui offraient mes seins à présent nu. Et lorsqu'il relâcha enfin sa prise sur mes poignets, ce fut pour partir torturer du bout de sa langue, mes tétons dressés de plaisir, tantôt les mordillant, tantôt les suçotant, mais m'arrachant à coup sur gémissements sur gémissements.

Ma respiration, déjà saccadée, se coupa lorsque ses doigts glissèrent jusqu'à la ceinture de mon jean. Un… Deux… Trois… Un à un, il fit sauter chaque bouton de mon pantalon, qu'il m'ôta sans plus de retenue. Et alors qu'il s'apprêtait à faire subir le même sort à ma petite culotte, je me redressai, profitant de l'effet de surprise pour le renverser. Alors qu'il s'échouait au sol, je me mis à califourchon ses hanches. Mes doigts papillonnèrent le long de son torse musclé, redessinant la courbe de ses pectoraux, glissant le long du creux de sa ceinture abdominale, tout en me délectant de chacun des râles de plaisirs que mes caresses lui arrachaient. Et quand enfin mes doigts parvinrent à leur destination, je me saisis de la boucle de sa ceinture. Bien trop lentement à son goût, je fis glisser son jean le long de ses jambes, jusqu'à ce qu'il aille rejoindre le mien.

Je me mordis la lèvre d'anticipation alors que mes doigts glissaient sous l'élastique de son boxer. Je dévorais littéralement des yeux sa virilité fièrement érigée à travers le fin tissu de son sous-vêtement et sans plus attendre, je le débarrassais de cette barrière inutile. Un grognement résonna dans toute la pièce lorsque de la pointe de ma langue, je vins caresser sa longueur, la léchant, la suçotant et la mordillant tour à tour, provoquant chez lui des spasmes de plaisir mêlés à des gémissements.

Soudain, Jay m'écarta de lui et d'un habile mouvement du bassin, me fit basculer sur le côté. Ma petite culotte alla joncher le sol sans que je ne sache vraiment comment. Tout ce dont j'eus conscience fut la langue de Jackson titillant fièrement mon clitoris. Son attaque subite m'envoya presque au septième ciel. Mon corps s'arqua de son tout son long alors qu'un brasier incandescent prenait naissance dans mon bas ventre. Cette douce torture s'amplifia encore lorsque qu'il glissa l'un de ses doigts à l'intérieur de moi et qu'il entama un lent va et vient.

Je le voulais, ici et maintenant. C'est rempli de cette certitude que je mis fin tant bien que mal à cette diabolique caresse qu'il m'offrait. Le tirant à moi, je le fis remonter jusqu'à mon visage et l'embrassai tendrement pendant que mes hanches allèrent chercher les siennes, provocant chez nous deux un long gémissement de plaisir.

Plaisir qui fut décuplé lorsqu'enfin nos deux corps s'unirent et ne firent plus qu'un. Jackson entama alors un lent va et vient en moi. Mes mains s'agrippèrent à ses épaules et je me laissai totalement submerger par les vagues extatiques qui déferlaient dans tout mon corps. Chacun de ses coups de rein m'envoyait un peu plus près de ce point de non retour qui se propageait en moi. Et lorsque dans un dernier mouvement, il s'enfonça encore plus profondément en moi, j'explosai, criant mon plaisir aussi fort que je le pouvais.

Ce fut totalement haletant que Jay retomba sur moi. Nous restâmes un instant totalement silencieux, récupérant peu à peu notre souffle. Puis il se redressa et déposa un baiser sur mon front.

- Viens avec moi, me dit-il en me tendant sa main.

Je m'en saisis sans plus attendre. Il me serra alors dans ses bras et me guida jusque dans une chambre. Allongée sur le lit, je me blottis tout contre lui, tout en caressant tendrement son torse.

- Il serait peut-être tant que tu me parles de ce que tu détestes maintenant, s'enquit-il.

- Vraiment ?

- Je veux tout savoir de toi.

- Hum… Ok. Alors voyons voir… Je déteste la nourriture trop épicée, les criquets, la banane, la…

- La banane ? S'étonna-t-il.

J'hochai la tête.

- Et tu dis ça à un « Monkey » ! Tu aimes prendre des risques…

Et à peine avait-il fini sa phrase que déjà ses doigts parcouraient mes côtes, me faisant me dandiner et rire aux éclats sous ses chatouilles.

La nuit ne faisait que commencer…

Fin.

OS - Pas deux fois la même erreur

OS écrit pour « A chacun son histoire » (Écrire un one-shot pour une personne en la faisant interagir avec les personnages de Twilight).

Demandeur : Jess
Sujet : Un lemon avec Edward
Persos :  Jessica et Edward
Date de publication : mai 2009

~x~

Tant de choses avaient changé dans ma vie depuis ces deux dernières années. J'avais trouvé l'amour, un amour que je croyais éternel et je l'avais perdu. Je l'avais abandonné, craignant de la blesser et elle avait fini par refaire sa vie avec un autre, Jacob. J'avais alors commencé à errer comme une âme en peine sur la planète : le Canada, l'Islande, l'Irlande, l'Angleterre, le Danemark, la Belgique et finalement la France.

Comme à chaque fois que j'arrivai dans un nouveau pays, je prenais le temps de m'imprégner de l'atmosphère et des coutumes locales. Je visitai Paris et ses monuments gorgés d'histoire, Lyon, Nice, Marseille… J'étais maintenant à Toulouse, la ville rose comme aimait l'appeler ses habitants.

Je me plus dans cette ville typique du sud ouest de la France et décidai de m'y installer pour quelque temps. Cela faisait maintenant plus d'un an que je vivais une existence de nomade et je ressentais le besoin de faire une pause. Carlisle m'avait vanté les mérites des universités Toulousaines et je me laissai donc tenter par un semestre dans la région.

Une fois mon inscription en Anthropologie sociale et historique de l'Europe à l'université le Mirail faite, je décidai d'aller me balader. Je mis le cap à l'est pour retrouver la Garonne et la longer. Je marchai plein sud, perdu dans mes pensées quand une violente odeur me frappa de plein fouet. Je me figeai sur place et observai les alentours pour trouver la source de ce délicieux arôme. Le monstre en moi ne demandait qu'à sortir et je du bander mes muscles pour le retenir. Le venin coulait à flot dans ma bouche et ma gorge était en feu.

Cette divine fragrance venait d'un petit peu plus au sud-est, au bord de l'eau. J'avançai légèrement, vers la source de cette tentation et je la vis. Elle prenait en photos des cygnes qui longeaient le fleuve. Elle était de dos à moi et je pus observer à ma guise sa silhouette parfaite. Ses longs cheveux bruns tombaient sur ses épaules, laissant en vue son dos dénudé. Elle portait une petite robe noire qui mettait son teint hâlé en valeur. Le venin afflua de plus belle dans ma bouche à la vue de ce magnifique être. J'étais totalement envouté.

Ce pourrait-il qu'un vampire est deux « chanteuses » sur cette terre ?

Depuis mon départ de Forks, j'avais pris pour habitude d'éviter d'écouter les pensées de mon entourage. Cela me demandait une concentration extrême et s'en était même éprouvant mais à force d'effort et d'entraînement, j'étais parvenu à faire abstraction des pensées environnantes et seul subsistait un léger brouhaha lorsque je me trouvais à proximité d'une foule. Mais cette femme si envoutante, autant par son physique que par son parfum, me donnait envie de me laisser aller à l'écouter. Cependant ma récente expérience m'avait démontrait que se laisser surprendre pouvait avoir ses avantages et je décidai, non sans une réelle frustration, de laisser les pensées de cette déesse loin de ma tête.

Je restai un moment à l'observer de loin. Elle pris plusieurs clichés du paysage, du fleuve, des arbres, des passants… puis elle rassembla ses affaires et partit sur une bicyclette. Ne pouvant marcher à sa vitesse à découvert, je préférai la laisser prendre de l'avance et la suivre à l'odeur.

Je la retrouvais quelques minutes plus tard. Elle entra dans un bâtiment où une petite pancarte indiquait « Virus Photo – Club de photographie ». Etait-ce une passionnée de photographie ? Tout me portait à le croire.

J'avais envie de la suivre, d'entrer dans ce club et de l'épier. Elle était devenue en quelques minutes une véritable obsession. Je ne lui avais encore jamais adressé la parole et pourtant elle me rendait fou. Ce que j'avais pu vivre avec Bella n'était rien comparé à l'intensité de ce que je ressentais depuis cette dernière heure. Je voulais tout savoir d'elle, à commencer par son prénom. J'attendis qu'elle sorte puis je la suivis de nouveau. Elle remonta sur sa bicyclette et prit la direction d'un petit quartier résidentiel puis entra dans le jardin d'une petite maison et disparu de ma vue, mais mon ouïe surdéveloppé de vampire pouvait toujours l'entendre s'activer à l'intérieur.

Je restai là quelques temps à l'écouter puis décidai de rentrer chez moi. J'avais élu domicile dans une petite cabane abandonné, perdue au milieu de la forêt de Bouconne, à une vingtaine de kilomètre d'ici. Je retournai à l'université pour récupérer mon véhicule. J'avais acheté une voiture d'une marque locale, une Clio 3 RS rouge. Elle était assez sportive pour satisfaire mes besoins de vitesse et à la fois assez discrète pour passer inaperçu.

Une fois chez moi, je réfléchis longuement à ce qui c'était passé plus tôt. Cette fille m'obsédait totalement. Je n'arrivai même pas à penser à autre chose pendant plus de quelques secondes. J'avais envie de la revoir, de lui parler, d'apprendre à la connaitre… J'étais totalement fasciné. Mais si je voulais l'approcher, je devais prendre le moins de risque possible et aller chasser au plus tôt. Cette forêt ne regorgeait pas d'une très grande variété d'animaux et je préférai donc partir un ou deux jours pour aller me délecter de la faune pyrénéenne. Peut-être aurais-je la chance de goûter à un ours brun ou à un isard.

La route me permis de me changer les idées. Me retrouver dans ses montagnes me permettait de laisser le monstre en moi donner libre court à ma vraie nature. La chasse fût bonne et c'est repu que je repris la route vers mon nouveau chez moi.

En chemin je reçu un message d'Alice me disant « J'ai eu une vision de toi et d'une fille. Je suis trop contente ». Que voulait-elle insinuer ? Alice avait été très attristée lorsque j'avais quitté Bella, et encore plus lorsque cette dernière avait tourné définitivement la page des vampires. Elle devait se réjouir qu'une autre personne arrive à m'atteindre de cette manière.

De retour en ville, je retournai l'observer chez elle. Il était encore tôt et je ne perçu aucun bruit provenant de la petite maison. J'attendis patiemment. Un peu plus d'une heure plus tard, je commençai à percevoir de l'agitation au premier étage, elle était enfin réveillée. Je la suivis toute la matinée de loin, elle était vraiment magnifique. Son odeur me titillait les narines et narguait ma soif mais le monstre en moi restait sous contrôle.

En début d'après midi, elle se rendit dans le même club de photographie. Si je voulais l'approcher et faire connaissance, cet endroit me donnerait le parfait alibi. Je partis rapidement acheter un appareil photo dernier cri et retournait au club. Une fois à l'intérieur, j'allai me présenter succinctement à la secrétaire. Fort heureusement, il restait des places de disponibles et je pus m'inscrire.

Dans la salle principale, un jeune homme était en train d'exposer son nouveau projet aux autres membres. Je profitai de cette diversion pour m'approcher de la jeune fille brune qui hantait mon esprit depuis plusieurs jours déjà. Plus je m'avançai vers elle, plus son odeur devenait puissante et plus mon venin afflué, cependant je me sentais serein et en confiance. Je n'avais absolument pas peur de perdre le contrôle sur le monstre en moi.

J'étais maintenant tout prés d'elle. Elle remarqua ma présence.

- Bonjour, vous êtes nouveau ? me demanda-t-elle.

Ses yeux, d'un marron clair tirant légèrement vers le vert me transpercèrent et sa voix douce m'envouta. J'optai pour mon sourire en coin et ma voix de velours pour la séduire. Je lui répondis par l'affirmative d'un léger signe de la tête.

- Bonjour, je m'appelle Edward. Et vous ?

- Jessica. répondit-elle en me tendant sa main droite.

Je serrai sa main. Je pus voir de la surprise sur son visage quand nos peaux rentrèrent en contact. La froideur de la mienne l'avait pris au dépourvu. Je la retirai alors rapidement. Elle me fixait toujours dans les yeux, elle semblait incapable de dire quoi que ce soit. Elle devait certainement être « éblouie ». Cette pensée me fit sourire intérieurement. Je rompis le contact visuel pour lui laisser une chance de réagir et elle bafouilla un « enchantée » à peine audible.

Une fois n'est pas coutume, la chance était avec moi. Nous apprîmes que le nouveau projet du club imposait un travail en binôme et c'est avec un grand plaisir que je proposais à Jessica d'être ma partenaire.

Les jours et les semaines passèrent. Cette expérience me permis de faire plus amples connaissances avec cet ange brun. Elle m'avait raconté son enfance, sa vie actuelle, confié ses envies et ses peurs. Et je savais que de son côté, la part de mystère que je laissai sur ma vie et mon passé l'intriguait terriblement. Elle se doutait certainement que j'étais différent mais elle semblait s'en accommoder.

Ce soir, je devais la retrouver chez elle pour mettre au point notre nouveau projet en commun, pour mon plus grand plaisir. Bien sûr, j'arrivai devant chez elle bien plus tôt que l'heure convenu et l'épiai d'un peu plus loin. Je l'entendais chantonner gaiement un air que je ne connaissais pas, sans doute était-il de sa composition. Je compris au bruit de casserole et à l'odeur environnante qu'elle avait cuisiné quelque chose, si cela était pour ce soir, je devrais vite trouver une excuse. Puis j'entendis un bruit étouffé d'eau qui coule. Prenait-elle une douche ? Mon esprit se mit à vagabonder et je l'imaginai nue, l'eau coulant en cascade sur ses épaules, son délicieux arôme étant décuplé par la chaleur étouffante des lieux…

Soudain un hurlement me sortit de ma rêverie. Jessica venait d'hurler et je pouvais sentir la peur émaner de sa voix. Sans même prendre le temps de réfléchir, je fonçai vers la maison et grimpai vers la fenêtre la plus proche de là où provenait le cri de terreur. Par chance, la fenêtre n'était pas verrouillée. Je pénétrais dans la pièce et observais les lieux. J'étais dans une chambre, sa chambre.

Au même moment, elle entra dans la pièce et cette vision me stupéfia. Elle était là, devant moi, uniquement vêtu d'une serviette de bain rose pâle qui ne couvrait que très peu son corps. Ses cheveux mouillés goutaient sur ses épaules… mon rêve éveillé de tout à l'heure me revint en mémoire et je dus me concentrer pour revenir à la réalité.

Elle se figea en me voyant.

- Edward ? demanda-t-elle confuse.

Son parfum m'envahi totalement et j'eus du mal reprendre l'usage de la parole tellement sa beauté me subjuguait.

- J'étais en bas et je t'ai entendu crier, répondis-je. Tu vas bien ?

- Et tu es rentré par la fenêtre ? demanda-t-elle interloquée.

A vrai dire je ne l'écoutai plus, pour une fois c'est moi qui fus ébloui par elle. Se rendait-elle compte du pouvoir qu'elle avait sur moi ? Je fis lentement un pas vers elle, puis un autre et encore un autre, jusqu'à me retrouver tout près d'elle, à quelques centimètres de son visage. Je pouvais sentir son sang pulser dans ses veines, son arôme m'envoutait mais à cet instant je n'étais plus Edward le vampire mais seulement Edward l'homme.

Elle me fixait avec un air interrogatif sur le visage mais ne recula pas. Je pris cela pour un signe. Je mis ma main droite sous son menton pour lui relever légèrement la tête et non sans une légère hésitation posai mes lèvres sur les siennes. Elle répondit à mon baiser avec fougue et força le barrage de mes lèvres pour que nos langues se rencontrent. Ce baiser me transporta me faisant presque oublier ma condition et je dus me faire violence pour contrôler mes mouvements.

Je passai ma main droite dans ses cheveux humides tandis que la gauche caressait son épaule dénudée. Je quittai ses lèvres pour la laisser reprendre son souffle et partis à la découverte de son cou. J'y déposai des dizaines de baisers, traçant un chemin de son épaule jusqu'à son oreille en faisant un détour par sa clavicule saillante. Je pris ensuite son lobe dans ma bouche et le titillai avec ma langue. Elle gémit et ses mains qui étaient restées jusqu'à présent cantonnées à mon dos partirent fourrager mes cheveux passionnément. Elle s'avança vers moi réduisant à néant le peu d'espace qui séparait encore nos corps.

Je pouvais sentir sa chaleur corporelle m'envahir entièrement, je pouvais percevoir son sang couler dans ses veines, je pouvais humer son odeur si alléchante… Et pourtant, en cet instant, tout cela m'était entièrement égal. Je n'avais pas envie de son sang mais seulement de son corps.

J'abandonnai son lobe pour laisser ma langue découvrir la douceur de son épiderme. Elle fut parcourue de frissons lorsque j'atteignis la naissance de sa poitrine et elle pencha sa tête en arrière pour me laisser plus d'accès. Je stoppais mes caresses pour l'admirer. Son visage était légèrement rouge, sa respiration se faisait haletante et ses yeux me supplaient de continuer. Elle en voulait plus mais pouvais-je continuer sans risquer de la blesser ?

Elle ne me laissa pas le temps de réfléchir à la question et tout en continuant de me fixer dans les yeux, elle s'écarta de moi de quelques centimètres et déboutonna lentement, un à un, chaque bouton de ma chemise. Elle fit passer ses mains à l'intérieur et d'un geste gracieux la fit tomber au sol, en profitant pour caresser mon torse et mes épaules. Dieu que c'était divin ! Jamais je n'avais connus pareil délice que ces caresses qu'elle me prodiguait.

Soudain elle rompit tout contact entre nous et recula d'un pas. Que faisait-elle ? Je la regardai, déconcerté. Elle plongea ses magnifiques yeux noisettes dans les miens, me fit un petit sourire et de sa main droite dénoua sa serviette de bain qui tomba à terre. Elle était là, devant moi, totalement nue et d'une divine beauté. Je restai sans voix devant un pareil spectacle.

Elle déboutonna mon jean et le fit descendre à mes pieds. Mon boxer le rejoint l'instant d'après. J'étais à mon tour totalement nu devant elle.

Elle se colla à moi et m'embrassa passionnément. Elle prit ma virilité tendue de plaisir dans sa main et la caressa. Mon corps tout entier fut parcouru d'une décharge électrique et un grognement échappa de ma bouche. Sa langue dansait contre la mienne toujours plus sensuellement, et sa main libre se perdait dans mes cheveux.

Elle me poussa doucement en direction de son lit.

- Allonge-toi, me murmura-t-elle tout contre mes lèvres.

Une fois installé, elle vint s'assoir à califourchon sur moi et repris son baiser. Elle attrapa mes bras et les placèrent au-dessus de ma tête, puis elle fit descendre ses doigts le long de mon corps tout doucement, s'arrêta au niveau de mes hanches puis remonta. Je découvrais une multitude de nouvelles sensations dont je n'avais jusqu'à lors aucune connaissance. Ses lèvres quittèrent les miennes.

- Ne bouge pas, me murmura-t-elle au creux de l'oreille.

J'avais toujours les bras au-dessus de ma tête. Je lui fis petit un signe de affirmatif, j'étais bien trop concentré sur mon self-control pour parler. Elle vint dessiner du bout de sa langue le contour de mes lèvres, puis elle partit à la découverte de mon cou, de mes tétons, de mon torse. Jusqu'où comptait-elle allait ? Ses mains, quant à elles, continuaient leur manège le long de mon corps, s'arrêtant de temps à autres dans mes cheveux. Je me perdais dans mes gémissements tellement les sensations qu'elle me procurait étaient fortes. Lentement, elle descendit toujours plus bas, laissant des baisers sur chaque parcelle de mon corps. Elle mit ma virilité dans sa bouche et malgré ma damnation éternelle, elle m'emmena au paradis.

- Jess ! grognais-je.

J'agrippais l'oreiller sous ma tête et sous la puissance de mon plaisir, le pulvérisai totalement. Des centaines de plumes partirent dans tous les sens. Elle me regarda, surprise par ce spectacle. Préférant éluder la question, je l'attrapai par les épaules et la fis basculer sur le lit. Je me mis au dessus d'elle et plaquai mes lèves sur les siennes. Mes mains partirent à la découverte de son corps. L'une d'elle s'empara d'un de ses seins, le malaxant délicatement. L'autre parcourait son ventre plat. Elle frissonna de plaisir.

- Edward, murmura-t-elle dans un soupir.

Mes lèvres allèrent rejoindre ma main et ma langue titilla son sein gonflé de plaisir. Elle se cambra. Je fis subir le même supplice à son compagnon puis partis à la découverte de son buste. Son corps était brulant de désir. Ma langue fit des arabesques sur son ventre lui provocant des frissons. Ma main atteignit son intimité et elle se cambra sous mes caresses me faisant sourire contre sa peau. Ma langue l'accompagna et elle s'arqua encore plus, ondulant du bassin puis elle cria mon prénom.

Je me relevai et contemplai toute sa beauté. Elle avait les yeux fermés et sa bouche entre-ouverte laissait encore s'échapper quelques gémissements. Je repris possession de ses lèvres et l'embrassai sauvagement. Elle m'invita alors à m'unir à elle et tout en l'embrassant, je me glissai en elle. Nos deux corps commencèrent alors une longue et sensuelle danse dont nous ne fûmes rassasiés qu'au lever du jour.

Jessica, ma Jessica m'avait offert la plus belle nuit de ma longue vie de vampire.

Je la regardai dormir blottie dans mes bras pendant des heures. Quand elle se réveilla enfin, elle m'adressa un petit sourire.

- Bonjour, bien dormis ? lui dis-je de ma voix de velours.

- Bonjour, comme un loir, me répondit-elle.

- Maintenant que tu es réveillé, tu veux bien me dire pourquoi tu as hurlé hier soir ? Demandais-je.

Son sourire se fana.

- Tu vas te moquer de moi, marmonna-t-elle.

- Mais non, pas du tout. Tu peux tout me dire, lui dis-je avec mon sourire en coin auquel elle ne résistait pas.

- J'ai vu une araignée, bredouilla-t-elle.

J'éclatai de rire. Elle avait eu peur d'une araignée inoffensive alors qu'elle venait de passer la nuit avec un vampire qui aurait pu la tuer de dizaines de façons différentes.

Elle me lança un regard noir et je stoppai mon ricanement.

- Ce n'est pas drôle, râla-t-elle.

Pour me faire pardonner, je lui donnai un tendre baiser.

Fin.

News

Je viens vous donner des petites nouvelles. Le prochain chapitre de Collisions est commencé mais n'avance pas très vite. J'ai quelques soucis perso qui occupent pas mal mes pensées et m'empêchent de me concentrer sur mes fics. Je vous posterais un teaser dès que j'aurai assez de "matière". En attendant, je ne peux que vous demander d'être patient(e)s.

Je vais publier ici mes 3 OS qui se sentaient un peu seul sur FF. Peut-être que ça vous fera un peu de lecture pour patienter ;)

A bientôt
Dri

OS - Rencontre avec mon passé

OS écrit pour « A chacun son histoire » (Écrire un one-shot pour une personne en la faisant interagir avec les personnages de Twilight)

Demandeur : Katia
Sujet : Une amitié avec Alice
Persos :  Katia et Alice
Date de publication :  juillet 2009

~x~

POV Alice

Cela faisait maintenant trois mois que nous avions quitté Forks. Trois mois que le tragique anniversaire de Bella avait eu lieu. Trois mois que Jasper l'avait attaquée. Trois mois que je m'ennuyais.

Jasper avait eu besoin de partir après ce malencontreux accident et je l'avais suivi sans poser de question. C'était mon rôle, je devais veiller sur lui, car je savais combien il était difficile pour lui de respecter notre régime alimentaire. J'aurais du prédire ce qui était arrivé. J'aurais du le voir, mais cela s'était tellement passé vite, qu'en une fraction de seconde, il était déjà trop tard.

Bien sûr, tout cela avait conduit à la fuite de mon frère. Lui qui craignait tant pour la sécurité de Bella, avait vu ce soir là se dérouler sous ses yeux son pire cauchemar : que l'un d'entre nous, dans un moment de faiblesse, n'attente à la vie de sa bien- aimée.

Et me voilà ici, en Alaska, à tourner en rond chez nos cousines de Denali. Trois mois déjà que nous étions arrivés et je m'ennuyais. Ici nous étions coupés de tout. La civilisation la plus proche était à plus de six cents kilomètres, pas de centre commercial, pas de boutique… rien ! Que des arbres, des lacs et encore des arbres.

Jazz culpabilisait beaucoup d'avoir agi ainsi et il était d'une humeur massacrante. Rosalie et Emmett s'étaient envolés pour une nouvelle lune de miel en Europe. Quant à Edward, il avait ressenti le besoin de s'exiler loin de nous et devait être , à cet instant ,quelque part sur le continent sud américain à la poursuite de Victoria.

Bref, rien en vue pour me divertir.

J'avais profité de ces longs mois pour rechercher mes origines. Grâce à Bella j'en avais appris plus sur mon passé et j'avais obtenu une base pour faire des recherches. Je savais maintenant que je m'appelais en réalité Mary Alice Brandon, que j'étais née en 1901 à Biloxi dans l'état du Mississippi et que l'on m'avait internée dans un asile parce que j'avais des prémonitions.

Plus les longues journées moroses défilaient, plus j'avais envie de prendre un avion pour Biloxi et retourner sur les traces de mon passé oublié. Cette idée me trottait déjà dans la tête depuis quelques temps lorsque Jasper refusa une nouvelle fois de retourner à la civilisation. C'en était trop, j'en avais marre, j'avais besoin d'air… Je pris mon téléphone et appelai l'aéroport le plus proche pour faire ma réservation.

Treize heures de vol plus tard je me trouvais dans ma ville natale dont je n'avais absolument aucun souvenir. Je partis en premier lieu voir ma tombe dans le cimetière local. Comme je m'y attendais, elle était totalement abandonnée, recouverte de lierres et de mauvaises herbes.

Je partis ensuite me renseigner auprès de l'administration locale sur les actes de naissances et de décès et après de longues heures de recherche, j'avais réussi à trouver la descendance de ma famille. Ainsi mes parents avaient eu un second enfant, une fille prénommée Cynthia dont la fille - ma nièce - était toujours vivante à ce jour.

Je redescendis alors frénétiquement dans les années et arrivai à la naissance la plus récente enregistrée dans la descendance de Cynthia Brandon. Elle avait eu une fille, prénommée Abigail, qui avait eu à son tour un enfant… Je remontai peu à peu jusqu'à nos jours, où du moins jusqu'à la dernière naissance d'un descendant des Brandon qui était né en 1994. Une jeune fille prénommée Katia et qui si j'en croyais ce que m'informait son réseau social trouvé sur internet, vivait actuellement en France.

« Je devrais me reconvertir en détective privé ! » pensai-je alors que j'approfondissais mes recherches pour trouver son adresse.

Apparemment, ses parents et elle habitaient Sarlat, une petite ville de dix mille habitants en Dordogne, dans le sud-ouest de la France. Une région gorgée d'histoire… Parfaite pour renouer avec la mienne !

Je pris à nouveau l'avion, cette fois direction la France. Cela faisait longtemps que je n'étais pas allée dans ce pays et en plus je ne connaissais absolument pas la Dordogne. Cela me donnera un prétexte pour faire un peu de tourisme.

Je me rendis à l'adresse trouvée illégalement sur internet. Elle se trouvait légèrement en dehors de la ville. Katia habitait une adorable petite maison isolée près d'une forêt. L'habitation idéale pour un vampire !

Je profitai qu'il soit encore tôt pour trouver un endroit où séjourner. Je ne savais pas encore combien de temps j'allais rester ici. J'avais donc prévu assez large côté vêtements, chaussures et autres ustensiles de mode. J'avais tellement de valises qu'il me fallait d'urgence un endroit pour les entreposer. Voulant rester à proximité de la forêt et de sa source de nourriture, je me rendis compte que les hôtels n'étaient pas trop nombreux dans le coin et partis donc explorer les environs. Je trouvai au détour d'un vieux chemin laissé à l'abandon, une vieille bâtisse d'architecture locale.

Cachée à la lisière des arbres, j'épiai la demeure. Aucun signe de vie à signaler pour l'instant. J'attendis patiemment quand un vélo fit son entrée dans mon champ de vision avec une jeune fille brune dessus. Etait-ce Katia ?

Soudain des images furtives m'apparurent devant les yeux, brouillant ma vue. Une vision.

POV Katia

Encore une journée de terminée. Ouf ! Les cours étaient en train de me rendre complètement folle, tous les professeurs n'avaient qu'un seul mot à la bouche « examen » ! Ah ! Ils allaient me rendre dingue avec ça. Je savais que la première année de lycée n'était pas facile mais là, je n'en pouvais plus.

Je sautai sur mon vélo, ravie de pouvoir enfin m'éloigner de cet enfer et pédalai à toute vitesse. Nous étions jeudi, mes parents rentreraient tard, j'allais enfin être un peu tranquille.

Je pris ma route habituelle, m'arrêtant en chemin pour aller acheter un peu de lecture. Rien de tel que quelques potins de stars pour passer un bon moment ! Encore un arrêt au supermarché pour combler mon envie irrésistible de chocolat et je pouvais enfin rentrer chez moi.

Mon ipod dans ma poche, Muse hurlant dans mes oreilles, je fonçai droit devant, sur cette route que je connaissais si bien. Je la faisais matin et soir en vélo depuis le collège et chaque virage m'était familier. La tête ailleurs, j'avançai à toute vitesse. Je repensai à ce nouveau, arrivé en début de semaine au collège. Il était tellement craquant. Je ne connaissais même pas son prénom et il avait déjà tout un groupe d'admiratrices autour de lui. Bref, je n'avais aucune chance, mais il me faisait craquer.

Je tournai dans la rue qui menait chez moi et pédalai encore plus rapidement tellement j'avais hâte de rentrer chez moi. Ma baignoire m'appelait, j'avais un besoin immédiat de me détendre.

Je m'apprêtai à tourner dans l'allée menant chez moi alors que le refrain de ma chanson préféré hurlait dans mes oreilles. Soudain tout alla très vite. J'entendis un coup de klaxon, un crissement de pneu, et une masse froide me heurter. Je me retrouvai en une fraction de seconde plaquée au sol à quelques mètres de mon vélo, dans les bras d'une parfaite inconnue.

- Au mon dieu ! Vous allez bien ? demanda une femme hystérique sortant de la voiture.

Je me redressai maladroitement, regardant autour de moi. Mon vélo était en pièces. J'avais bien failli passer sous les roues de cette voiture.

- Euh… Oui, je crois.

Je reportai mon attention sur la jeune femme qui venait très certainement de me sauver la vie. Elle n'avait pas l'air très grande, brune, les cheveux courts et des yeux d'une couleur étrange. Elle me sourit et se releva agilement.

- Nous allons bien, dit-elle d'une voix chantonnante en me tendant sa main.

Je m'en saisis et elle me releva. Elle avait une poigne de fer pour une personne si petite. Je confirmai d'un signe de tête ses dires à la femme hystérique. Cette dernière s'assura qu'effectivement nous n'avions aucune blessure puis reprit la route en s'excusant. Je me retournai alors vers ma sauveuse et la remerciai.

- Y'a pas de quoi, me dit-elle. La prochaine fois, fais attention en tournant. Vérifie qu'aucune voiture n'arrive en face.

- Aucun risque que je recommence. Encore merci. Sans ton aide, je serai… Je ne veux même pas y penser, grimaçai-je.

J'époussetai mon pantalon et j'ajoutai:

- Moi c'est Katia.

- Alice. Je suis ta nouvelle voisine, enfin presque. J'habite la petite maison dans les bois, là-bas, me fit-elle en montrant du doigt la direction qu'elle souhaitait m'indiquer.

- Et bien, si tu as besoin de quoi que ce soit, j'habite ici, dis-je en désignant ma maison au bout de l'allée.

Nous nous quittâmes ainsi. Alice partit de son côté alors que je récupérais mon vélo estropié et le ramenais chez moi.

Une fois rentrée dans ma chambre, je me mis à ressasser ce qui s'était passé. J'avais eu de la chance qu'Alice soit là. Elle m'avait sauvé la vie. J'avais bien failli finir sous les roues de cette voiture et être dans le même état que mon vélo, en clair une vraie crêpe.

Pour essayer de me changer les idées, je mis le volume de ma stéréo à fond et commençai à danser tout en préparant mes affaires pour le lendemain. J'adorais la danse, cela avait un pouvoir relaxant sur moi de bouger mon corps au rythme de la musique.

POV Alice

J'avais eu chaud ! Une seconde de plus et j'arrivais trop tard. Heureusement que la rue était déserte et que personne ne m'avait vu courir à cette vitesse.

Je n'avais jamais été aussi près de mon passé qu'aujourd'hui. J'avais appris à vivre avec le fait que je ne me souvenais plus de ma vie humaine. Mais après que Bella m'ait donné ces renseignements, j'avais ressenti le besoin de me renseigner sur mes origines. Je voulais renouer avec ce passé inconnu. Et j'y étais presque. J'avais tenu dans mes bras ma petite-petite-petite-petite-nièce ! C'était la descendance directe de mes parents, j'avais beau ne pas avoir de sentiments très positifs à leur égard – ils m'avaient tout de même fait enfermée dans un asile – cela restait ma famille humaine.

Maintenant que le contact était établi avec Katia, j'espérai pouvoir faire plus ample connaissance. Je me concentrai pour voir mon avenir proche, rien à signaler. Je décidai alors de partir explorer la forêt environnante et essayer de dénicher une petite proie. J'avais besoin de me défouler et rien de tel qu'une petite chasse improvisée pour y parvenir.

Je rentrai au petit matin, repue et divertie. La chasse aux sangliers était, ma fois, quelque chose de très amusant !

Je passai la journée à flâner dans les rues de la ville, m'imprégnant de son histoire. Ce que j'aimais avec le vieux continent, c'était trouver à chaque coin de rue un bout d'histoire. Celle de l'Amérique était tellement pauvre comparée à celle-ci.

Il devait être seize heures quand je décidai de rentrer chez moi. Enfin chez moi était un bien grand mot. La bâtisse que je louais avait besoin d'un grand coup de propre. D'ailleurs si je devais rester ici un peu plus longtemps que prévu, je devrais y faire quelques travaux. Je risquais d'abîmer toutes mes chaussures sur ce plancher cassé et il était hors de question que j'abime mes Manolo Blahnik toutes neuves.

Alors que j'évaluai l'étendue des travaux nécessaires pour rendre cet endroit « viable », j'eus une vision qui égaya ma journée. Katia était en route, elle venait me rendre visite avec… un gâteau ? J'allais devoir composer pour détourner son attention si elle comptait que j'en mange avec elle.

Elle serait là dans… 3… 2… 1… On frappa à la porte.

J'allai ouvrir en sautillant et fis mine d'être surprise.

- Katia ? Bonjour.

- Euh… Bonjour. Je voulais, euh… te remercier pour hier. J'ai fait un gâteau.

- C'est gentil, dis-je en prenant le plat qu'elle me tendait. Tu n'étais pas obligée. Comment m'as-tu trouvée ?

- Oh ! Et bien, je connais bien le coin et je sais que par ici, cette maison est la seule à être habitable.

- Habitable ? C'est un bien grand mot ! ris-je.

- Euh… oui c'est vrai.

Nous partîmes dans un grand fou rire alors que je la fis entrer. Elle observa les lieux alors que je posai le gâteau dans la cuisine. Je lui posai des questions anodines pour connaître un peu sa vie. Elle m'apprit qu'elle allait au lycée depuis cette année et me demanda si j'y étais inscrite. Je lui répondis que je ne savais pas combien de temps j'allais rester ici. Que j'étais venue sur un coup de tête et que je devrais certainement repartir bientôt. Elle parut surprise.

- Qu'est ce qu'il y a ? lui demandai-je.

- Euh, rien. C'est juste que… Tu es venue ici toute seule ? Et tes parents ?

Oh ! Très bonne question. J'étais assez âgée pour être sa grand-mère mais physiquement j'avais l'apparence d'une jeune femme de dix-neuf ans, âge que j'avais lors de ma transformation.

- Mais parents sont restés en Alaska, de là où je viens. Je suis assez indépendante et je voyage beaucoup depuis des années.

- La chance ! s'exclama-t-elle alors que je découpais deux parts de gâteau

Je lui tendis une assiette et nous discutâmes. J'attendis qu'elle soit distraite pour cacher des bouts de gâteau dans un sac à côté de moi comme si de rien n'était. J'appris qu'elle aimait beaucoup la danse, c'était un peu comme son exutoire. Dès qu'elle était stressée, angoissée… Elle dansait pour se changer les idées. Elle m'indiqua aussi qu'elle faisait de l'équitation depuis de nombreuses années et m'informa qu'elle avait un concours la semaine suivant. Je lui promis d'aller l'encourager.

Nous passâmes un très bon après-midi ce jour là et nous nous vîmes plus d'une fois la semaine suivante. J'étais devenue en quelque sorte sa confidente. Elle me parlait de ses problèmes au lycée mais surtout de ce garçon qui lui plaisait.

Le week-end suivant, comme promis, j'allai la regarder monter lors de son concours équestre même si je connaissais déjà le résultat.

POV Katia

Je venais de finir troisième au concours et j'étais aux anges. Je fis le chemin retour dans la voiture qu'Alice avait loué quelques jours après son arrivée, mon trophée à la main. Nous passâmes le reste de la journée à papoter. Comme bien souvent, le sujet des garçons revint sur le tapis et j'écoutai avec intérêt.

Cela faisait maintenant près de deux mois qu'Alice habitait Sarlat et que nous nous connaissions. Dès que j'avais une minute de libre, j'allais chez elle ou nous allions nous balader. Souvent elle me trainait de force dans les boutiques. Je n'avais rien contre le shopping mais avec Alice ça rimait plus avec un marathon qu'à une promenade de santé.

J'avais beau l'adorer totalement et la considérer comme ma meilleure amie, je me posais de plus en plus de questions à son sujet. Il y avait des choses chez elle qui étaient… bizarres. J'avais toujours l'impression qu'elle devinait mes intentions avant que je ne lui en fasse part, elle anticipait tout… Et un autre fait m'interloquait, elle ne mangeait jamais rien.

Je l'avais vue une fois jeter sa nourriture alors qu'elle pensait que je regardais ailleurs et depuis je l'observais faire. C'était toujours pareil. Soit elle refusait de boire ou manger, soit elle dissimulait ce qu'on lui donnait. C'était vraiment bizarre.

Mais je passai outre, ne voulant pas briser cette amitié que j'aimais tant.

POV Alice

Cela faisait plusieurs mois déjà que je m'étais installée ici. Je sentis que depuis quelques temps Katia décelait des anomalies me concernant. Cependant, lorsque je sondais mon avenir, je ne voyais rien de changer. Nous étions toujours amies. Avais-je fait preuve d'imprudence en sa compagnie ? Où était-elle plus perspicace que l'humain moyen comme l'avait été Bella avec Edward ?

Plus le temps passait et plus j'avais envie de lui dire la vérité. Seulement, tout le monde n'était pas enclin à accepter l'existence de vampires sans partir en hurlant comme un dératé ! Je préférai alors prendre mon temps, tout en sachant que bientôt je devrais retourner auprès des miens et de mon amour.

Mon plan fonctionna à merveille, jusqu'à ce samedi matin.

POV Katia

Je venais de finir mon entrainement hebdomadaire et allais remettre mon cheval dans son box. Lui si calme et paisible d'habitude était très nerveux aujourd'hui. Il avait bien failli me faire tomber à deux reprises. Je décidai alors de le brosser pour le calmer. Je le sentis encore plus s'énerver quand soudain tout s'accéléra. Il se cambra et alors que je pensais recevoir son sabot en plein dans l'estomac, je me sentis projeter hors du box. Je me redressai et vis Alice debout devant moi.

- Qu'est ce que … ? Et comment as-tu … ? Ca quoi ! lui dis-je en montrant le cheval.

Elle soupira et me prit part le bras.

- Pas ici, dit-elle doucement. On va chez moi et je t'expliquerai.

Nous nous rendîmes chez elle en silence. Une fois sur place, j'attendis impatiemment ses explications. Il y avait quelque chose d'anormal, ça n'avait pas grande importance mais je voulus savoir.

- Alors ? dis-je brisant ainsi le long silence.

- Assois-toi.

Je m'exécutai alors que je sentais l'angoisse m'envahir.

- Hum, je vois l'avenir, balança-t-elle de but en blanc.

- Quoi ? m'exclamai-je.

- J'ai des visions de ce qui va se passer. C'est très subjectif et changeant mais je peux savoir ce qui va se produire dans l'avenir tant que les personnes concernées ne changent pas d'avis.

- Ok. Et quel est le rapport avec le fait que tu ne boives ni ne manges jamais rien ?

Quitte à connaitre la vérité autant tout savoir !

Elle se figea.

- Pas de cri, pas de panique, tu n'as rien à craindre, me dit-elle, m'angoissant encore plus.

- Je suis un vampire.

J'éclatai de rire.

- Très drôle !

Mais l'air sérieux qu'Alice affichait me calma. Disait-elle la vérité ? Je réfléchis rapidement à ce que j'avais remarqué. Pour l'anticipation, cela s'expliquait par son don de voyance. Par contre, elle ne mangeait rien et tout en y repensant, sa peau était toujours froide et particulièrement dure… C'était un vampire !

- Ok, donc tu es un… vampire. Ca fait bizarre de dire ça. Et tu bois du sang ?

- Oui. Seulement du sang animal.

Je déglutis avec difficulté.

- Ok.

Elle me raconta alors son histoire, son mode de vie, sa famille… Elle me dit également ce qui l'avait amenée ici et pourquoi elle s'était rapprochée de moi. Je n'en revenais pas. Elle était mon arrière-arrière-arrière-arrière tante ! J'avais devant moi mon « ancêtre ».

POV Alice

Katia avait formidablement bien pris la nouvelle. Elle n'était pas partie en courant, n'avait pas hurlé au monstre… Elle m'avait écoutée et était restée mon amie malgré tout.

Mais au bout de trois mois, je dus me résoudre à la quitter. Je devais retourner près des miens. Jasper avait besoin de moi et je l'avais abandonné bien assez longtemps.

Le jour des adieux arriva très vite. Katia était venue jusque chez moi avec son nouveau vélo flambant neuf alors que je mettais mes bagages dans le coffre de ma voiture. Elle m'aida avec sa petite force d'humaine à ranger les derniers sacs puis nous dûmes nous dire au revoir. Je vis des larmes perler devant ses yeux alors qu'elle sortait une petite enveloppe de son sac.

- Tu dois te douter de ce que c'est mais je voulais te faire un cadeau un peu spécial pour l'amie très spéciale que tu es.

Je saisis l'enveloppe. Je n'avais aucune idée de ce qu'elle contenait. Je n'avais pas cherché à sonder l'avenir et aucune vision ne m'était apparue spontanément.

- Je ne sais absolument pas ce que c'est, lui dis-je sincèrement.

Je la décachetai rapidement et en sortis une vieille photo jaunie par le temps. Je regardai ce portrait de cette famille d'une autre époque et si mon corps avait pu me le permettre, j'aurais pleuré.

- J'ai fait des recherches dans nos vieilles photos de famille. J'ai contacté ma grand-mère aux Etats-Unis. Elle m'a envoyé tout ce qu'elle avait de cette époque. Il y en avait une seule avec toi dessus.

Je restai sans voix. J'avais dans mes mains une photo de ma famille humaine, celle que j'avais totalement occultée. Je pouvais y voir ceux qui devaient être mes parents, une fillette d'une dizaine d'années – Cynthia sans doute et moi.

- Il y a la date derrière, me dit-elle.

Je retournai la photographie et vis « Brandon's familly – 1st july 1919 ». La photo avait été prise juste un an avant ma transformation.

- Merci. C'est le plus beau cadeau que l'on ne m'ait jamais fait. Merci, répétai-je en la serrant dans mes bras.

Nous nous dîmes tristement au revoir avant que je ne monte en voiture et parte.

Je reviendrais bientôt, j'en étais sûre.

Fin.